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AVIFIT

Publié il y a 2 mois par

AVIFIT

L’Avifit, c’est fantastique. Retour d’expérience d’un néophyte sur une saison d’Avifit intense.

L’Avifit, c’est fantastique.

L’Avifit est un sport en salle qui te permet d’améliorer tes capacités de ramage et ton plumage.Il aurait été inventé par un certain Jean de La Fontaine...
Il se compose de 2 parties, la première est destinée à travailler tes réflexes et ta gestion du stress, alors que la deuxième est plus physique et est liée à l’ergomètre (une espèce de bateau sans eau).


1ère PHASE :  L'INSCRIPTION
Elle consiste donc à réussir à s’inscrire avec l’application Spond, le nombre de places étant limité à 19. Un premier email reçu le vendredi t’indique quand la partie va se jouer.
Tu rentres alors une phase de vigilance intense et d’hyperstress. La veille de l’événement, fébrile, tu te prépares, tu consultes ton téléphone toutes les 30 secondes, tu vérifies ta connexion internet, tu ne prends plus ta voiture et tu te réveilles la nuit en sueur. Il s’agit de ne pas rater le moment de l’inscription. Tu le sais : tout va se jouer en quelques secondes, tu n’as pas le droit à l’erreur ou à l’hésitation. Cela fait cinq fois que tu n’as pas pu te qualifier, celle-ci sera la bonne.
ça y est, tu as réussi ! Bien que très nerveux et que tu aies laissé tomber le téléphone, puis ouvert la mauvaise application, tu l’as eu ta 17ème place. Et tant pis pour ce rendez-vous pris il y a 6 mois chez l’ophtalmo...

2ème PHASE:  LA SEANCE
Tu accèdes enfin à la salle de l’épreuve physique.
Les ergomètres brillent d’un éclat métallique, les tapis de sol bleus et oranges pour les ébats sont disposés harmonieusement. Tu en as choisi un orange : il convient bien à ton teint halé.Tu t’installes fièrement entre deux sylphides phosphorescentes, l’une jaune tigré et l’autre rose fluo.
Un sourire à tribord, un sourire à bâbord et tu agrippes avec détermination le palonnier, tel Saint Exupéry au décollage. Aujourd’hui, Le Petit Prince : c’est toi !
Les choses démarrent doucement. Malgré la musique assourdissante, tu tentes tant bien que mal de suivre les explications du coach et son rythme démoniaque. Tu es rapidement perdu et en retard. Alors que tu aurais donné tout ton royaume pour une pause (My kingdom for a pause...), le coach annonce « Accélération ! »

3ème PHASE:  LA DRAGUE
Une nymphette rose tire alors de toutes ses forces sur la chevillette. VLAN, VLAN. Le métal plie, mais ne rompt pas.
Eberlué par tant de violence gratuite, les yeux écarquillés, toute idée de devenir un ergomètre t’a définitivement abandonnée. Malgré ton réglage de résistance à zéro, tu agonises...
Tu sens bien que ce n’est pas par ta performance physique que tu vas pouvoir te mettre en valeur. Il va falloir changer d’approche : tu vas plutôt tenter la méthode douce.
Tu lui ramasses sa serviette, tu lui offres de l’eau. A défaut des muscles de Rocky, tu lui fais le regard perçant de Stallone : Adrienne !!! 
Finalement, le moment te semble opportun. Tu lui glisses maladroitement d’une voix déformée par l’effort et bien plus fluette que tu ne l’espérais :
- Cela te dirait un petit resto au bord de l’eau, tous les deux un de ces soirs ?
VLAN, VLAN. Force Rose continue avec enthousiasme le massacre à l’ergomètre.
- PARDON. TU DISAIS QUELQUE CHOSE ? te répond enfin la Naïade fluorée.
Pris de court, tu n’arrives qu’à bredouiller peu glorieusement :
- Euh ... , euh ...Oui, fais attention à ne pas coincer ta serviette dans la chaîne...
Le temps se fige, ton coeur rate un battement, mais finalement elle te fait un clin d’œil :
- AH. Oui, Merci mon Chou !
VLAN, VLAN. Le métal rougit, l’ergomètre commence à fumer.
Tu n’en reviens pas. La glace est brisée. C’est le retour de Rocky. On est pas encore au restaurant, mais tu te promets d’en étudier sérieusement la carte...

4ème PHASE:  REPRISE DE L'EFFORT
C’est alors, que le « coche » annonce : « On va faire la planche ! »
La planche est un supplice ancestral, longtemps pratiqué avec des braises du temps de l’Inquisition, qui consiste à se maintenir bien droit, allongé sur les coudes et les pieds et à tenir, tenir... jusqu’à l’effondrement avec atterrissage ventral plus ou moins contrôlé, tel un Boeing en perdition dans les Andes.
Tu te concentres donc, tu évites tout regard envers les déesses électroluminescentes : la distraction et la planche ne faisant pas forcément bon ménage... Concentration. Tu te passes en revue dans le détail le comparatif des pneus hiver que tu as lu récemment : tendreté de la gomme, profil des sculptures, ... Le temps passe lentement, lentement ... Tes forces déclinent rapidement.
Quelques heures plus tard, le coche annonce enfin « Et voila, une minute ». En dépit de tous tes efforts, tu t’écrases violemment au sol, ton menton se fracasse sur le carrelage et le tapis mousse se révèle bien plus dur que prévu.
Malgré ta dent cassée, le gout métallique du sang dans ta bouche, tu tentes de faire bonne figure et remonte maladroitement sur l’ergomètre que tu associes maintenant définitivement à une machine de torture moyenâgeuse.
VLAN, VLAN. A coté de toi, l’ergomètre se déchaîne de plus belle dans des fulgurances tyriennnes.
- Ca va mon Chou ? s’inquiète l’ Amazone framboisine.
Tu acquiesces mollement de la tête et murmure un timide « oui » d’un rictus édenté, le regard perdu, au bord de l’apoplexie.
La séance s’achève enfin. Tout autour de toi, le monde tourne. Pauvre Petit Prince ....

5ème PHASE:  LA DELIVRANCE
Hagard, tu lui tends ton carré d’essuie-tout afin de pouvoir nettoyer l’ergomètre. La Venus flamboyante te pulvérise joyeusement un jet de Sanitol qui t’éclabousse le visage. Et c’est à travers un rideau de larmes, les yeux rougis par le désinfectant, que tu regagnes à tâtons les vestiaires.
Ivre de douleur, tu prends ton sac, tu manques de tomber dans l’escalier, tu ouvres avec difficulté la porte et tu sors du club en titubant. Toujours trébuchant, tu traverses le square sous des hallebardes.
C’est l’orage, mais tu n’as plus peur. Tu arrives au feu rouge, une voiture s’arrête, klaxonne, tes tympans manquent d’exploser, la vitre se baisse :
- Tu veux que je te raccompagne mon Chou ?
VLAN, VLAN hurle l’ergomètre dans ta tête. Ton cœur s’arrête un bref instant. Tu vois toute ta vie défiler en rose fluo.
Malgré la douleur et l’effroi, tu arrives quand même à bredouiller un :
- Non, c’est gentil, mais je n’habite pas loin et j’aime marcher sous la pluie...
Le tonnerre déchire le ciel. La Sirène fushia esquisse un beau sourire carnassier et dit :
- Ce n’est pas grave, cela sera pour la prochaine fois, mon Chou.
Elle démarre en trombe en t’aspergeant copieusement du contenu du caniveau, tu fais un pas en arrière, tu te cognes au poteau du sens interdit et tombes à terre. Ton menton tuméfié est en feu sous la pluie. Mais tu es vivant, bien qu’allongé sur le trottoir, sous des trombes d’eau, tu souris béatement : tu as survécu à ta première séance d’Avifit !
Depuis, sur Spond, tu attends le dernier moment, tu vises les sessions majoritairement masculines.
L’autre fois, tu es arrivé 18ème, 3 secondes plus tard « notification » : un prénom féminin s’est inscrit, « Rose ». Tu n’as pas pu dormir de la nuit...


L’ Avifit, c’est fantastique.
Amitiés et compassion à tous les ergomètres.
Et encore merci au coach pour tous ces bons moments...

Les noms, situations et couleurs ont été changées, tout ressemblance avec la réalité ne peut être que fortuite, ou pas…

Commentaires

StephaneO, le mardi 16 juillet à 10:26

Courage, Fanny. Au dernières nouvelles,  Patrick profiterai actuellement d’un repos bien mérité en passant quelques mois dans le Sud vers le Cap D’A... ou il peut pleinement exploiter les bénéfices de l’Avifit. Il ne se ferai plus appeler « mon chou », mais plutôt « mon Choub » (diminutif de Chewbacca) suite à l’essai hasardeux du contenu de petites fioles achetées sur internet… Il devrait néanmoins revenir bientôt et être en mesure de combler les attentes de son fan club…

Fanny LAMOUR, le lundi 08 juillet à 17:06

Quelle prose ! Quel talent Patrick ! On attend la suite du feuilleton ... avec fébrilité ! 

StephaneO, le samedi 29 juin à 16:50

Il est vraiment impayable ce Patrick !

T'inquiètes, les choses vont finir par s'arranger...